Livres ouverts à Sitges pour la Sant Jordi
D’accord, nous sommes confinés. D’accord, nous sommes privés de rue, et Sant Jordi y perd en gaîté, en couleur et en bruit. Mais Sant Jordi est émotion. Et ça, ça va de l’intérieur à l’extérieur. Quand quelque chose l’éveille cette émotion, aucune porte ne lui résiste. Et ce quelque chose, eh bien c’est la lecture. Daniel Pennac, génial écrivain français le résume ainsi : « Le temps de lire, comme le temps d'aimer, dilate le temps de vivre ». Qu’on l’écrive ou qu’on la lise, c’est une phrase qui chatouille la nuque, pas vrai ?
Partant donc du fait que lire améliore la qualité de la vie et que le confinement nous prive d’excursions au-delà de la salle à manger et de la cuisine, le post d’aujourd’hui concerne une Sant Jordi différente, sans sortir de chez soi, mais liée aux livres et à Sitges. Alors, on fait une balade ensemble ?
Pour commencer ce parcours littéraire, un poème incrusté « littéralement » à Sitges (oui, vous pourrez le lire –en catalan- sur une mosaïque de carreaux près de l’église Sant Bartomeu). Il a été écrit en 1925 par Josep Carner, un des meilleurs poètes catalans du xxe siècle. En le lisant, vous allez voir, vous sentirez sur le visage le soleil et la lumière de Sitges –en voici la traduction:
Oh Sitges, ciel et brume,
mer à tes pieds, œillets au nid,
blanc d’Espagne éblouissant
les étincelles de l'été.
Cœur que tu veux, cœur que tu désires
en toi je vis, je t’aime tout entière.
Tes filles ont les yeux noirs,
tes maisons les yeux bleus.
Si je te quitte, ne serait-ce qu’un peu
donne-moi une fleur très légère :
donne-moi une marguerite,
œil de soleil, ailes de neige.
Puisque ce poème réside dans la vieille ville de Sitges, empruntons maintenant un itinéraire historique et photographique, en ces lieux et ailleurs dans la localité, en compagnie de Ricard Pla Boada et Carles Marqués, traduit en outre en plusieurs langues : ‘Sitges, de blanche à multicolore’. Un autre voyage, avec Lluís Permanyer pour guide, nous est proposé dans ‘Sitges d’hier et de toujours’. Les images sont en l’occurrence d’un des grands photographes de Sitges : Joan Iriarte, collaborateur de revues aussi prestigieuses que National Geographic et auteur également ‘Portraits et environs de Sitges' et de deux autres ouvrages, ‘Lumière de Sitges' et 'Sitges en bleu’, en collaboration avec le poète local David Jou.
Un autre livre nous découvre l’histoire de Sitges, cette fois-ci en tant que destination touristique ; il s’agit des ’Histoires de draps, de fourchettes et de verres à vin’, de Blai Fontanals. Le titre donne quelques pistes quant à l’art du "bien manger" qui se pratique ici…
Sitges est aussi le cadre de romans de fiction. Par exemple ‘Rien n’est vrai’, de Nacho Zubizarreta, qui situe dans les rues de la localité une histoire pleine de mystères et de secrets. On y trouve même un plan de Sitges indiquant les localisations. Pour vous mettre en bouche, vous pouvez en lire ici (en espagnol) les premières pages.
Un autre auteur à avoir choisi Sitges comme scène littéraire est Francesc Miralles, qui dans son livre ‘Le Secret de Picasso’ nous montre la vie les anciens peintres Art Nouveau. Le Racó de la Calma ou le Musée Maricel sont deux lieux clé du roman (et de l’histoire du mouvement Art Nouveau bien entendu).
Les livres de cuisine sont aussi un bon cadeau, pour l’âme bien entendu, mais aussi pour le palais. Une recommandation : ‘Sitges, cuisine enracinée’, de Carmen Panyella et Elena Martínez, qui partage les recettes traditionnelles par excellence de la localité.
Et puisque nous parlons de livres et de Sitges, il y a un temple où faire une halte. En effet, quand vous viendrez à Sitges la Bibliothèque municipale Santiago Rusiñol de Sitges, actuellement fermée au public à cause de la crise sanitaire du Covid-19, aura bien sûr rouvert ses portes. Elle vaut la visite : depuis 1936, elle occupe la maison qui fut celle de Miquel Utrillo, un des hérauts de l’Art nouveau catalan. Partant, le bâtiment en lui-même est un joyau. Et puis, il n’est pas au monde de bibliothèque dotée d’un patio intérieur comme le sien…
Les passionnés d’histoire, de livres et de culture locale ont quant à eux un autre point de chute incontournable à Sitges : Le Groupe d’études Sitgetans. Et à cette liste d’indispensables, il faut encore ajouter une publication de référence : La Xermada, revue municipale. Enfin, si vous aimez la poésie « en live », rendez-vous est pris, chaque mois de juillet, pour la Fête de la poésie de Sitges. Il s’agit d’un festival où sont invités sept poètes qui lisent eux-mêmes leurs œuvres dans différents espaces de la localité. Vers, été et Méditerranée. Vous avez une combinaison plus élégante à proposer ?)
Pour conclure ce parcours virtuel à travers Sitges et Sant Jordi, une mention pour les auteurs. Sitges a en effet été et reste le lieu d’inspiration et de travail de différents écrivains. Elle l’a été pour Lola Anglada, une des auteures (et également illustratrice) majeures de la Catalogne de l’avant-guerre. Elle l’a été aussi pour Josep Carbonell –éditeur de ‘Els Amics de les Arts’, revue mensuelle d’avant-garde autour de l’art et de la littérature qui fut publiée entre 1926 et 1929 et à laquelle collabora, entre autres, Salvador Dalí. Elle l’a été et le restera enfin pour Nacho Zubizarreta (dont nous avons déjà évoqué le roman ‘Rien n’est vrai’) et pour John Carlin, auteur de romans comme le ‘Facteur humain’ (oui, le best-seller dont est tiré le film ‘Invictus’) ou ‘Le sourire de Mandela’.
Poètes, romanciers, photographes, livres, publications et une bibliothèque Art Nouveau. Voilà notre manière de fêter Sant Jordi avec vous. Et l’année prochaine, n’y voyez pas une menace, rendez-vous dans la rue ;) #RestezChezVous #ToutIraBien #SitgesAnytime